Cette Chapelle Saint-Jean-Baptiste qui, comme on pourrait le croire, aurait été la chapelle du couvent des soeurs grises dites de Saint-François de Grandvilliers et citée comme telles par Louis Graves dans ses précises statistiques, avait toujours été, en fait, entourée du cimetière de Grandvilliers jusqu'à l'établissement du nouveau cimetière de Grandvilliers.
 
On voit sur un plan cavalier (consultable en mairie), d'un auteur inconnu (des archives départementales) datant du XVII° siècle, la chapelle qui était bien celle du couvent. De cette chapelle du couvent, on ne connait pas ses dates de fondation et de destruction. Il faudrait consulter le cartulaire de l'Abbaye Saint Lucien pour surement en savoir davantage. On voit bien, sur ce plan cavalier que la Chapelle Saint-Jean et le cimetière qui l'entoure ne se trouvent pas dans l'enclos du couvent. Par contre, celle du couvent, bien visible, donne sur la place du Franc Marché, maintenant place Halleur. L'auteur inconnu a d'ailleurs fait apparaître davantage l'enclos du couvent que le reste de la ville.
 
La Chapelle Saint-Jean a donc toujours été affectée à l'usage spécial du cimetière de Grandvilliers dans lequel elle a été bâtie. Jusqu'à la Révolution, on y célébrait tous les dimanches un service pour les défunts de la paroisse. Lors de la construction de l'HLM Saint-Jean, on a retrouvé de nombreux ossements de cet ancien cimetière ... Il est dommage d'ailleurs que l'on ai pas laissé d'espace à cette chapelle qui mérite une attention particulière.
 
On ne peut assurer sa date de construction. Toutefois, elle devait exister avant l'arrivée des soeurs grises en 1543. D'après ses fenêtres, on peut la dater du début du XVI° siècle, soit de l'époque gothique. A cause de restaurations successives, elle a perdu son architecture d'origine, notamment les fenêtres géminées qui n'ont pas été remplacées. Elle pourrait ressembler à celle du cimetière de Beaudéduit qui a conservé son style d'époque typiquement gothique.
 
On sait qu'elle a échappé à l'incendie de 1683, on voit d'ailleurs sur ses murs des graffitis antérieurs à cette date, graffitis qu'il faudra préserver lors de la restauration de la Chapelle. Les graffitis, qui au premier abord pourraient être considérés comme des dégradations, deviennent au fil du temps des témoignages d'histoire. L'association le Gémob a d'ailleurs réalisé un livre sur tous les graffitis de l'Oise, non seulement ceux que l'on trouve sur les parois des églises, mais aussi ceux de soldats notamment dans des grottes, à Thiescourt, réalisés durant la Première Guerre mondiale. Les peintres rupestres de Lascaux , d'une valeur inestimable pour l'histoire ne sont elles pas des graffitis ? On remarque à l'intérieur d'autres graffitis qui sont malheureusement moins bien conservés en raison de l'humidité. L'un d'entre eux indique la date 1555.
 
Sur une photo (consultable en mairie), on remarquequ'il y a eu une grande famine en 1694.Sur une autre, on peut constaterde par sa date, qu'elle est antérieure à l'incendie de Grandvilliers.
 
Revenons à notre Chapelle qui est une petite construction principalement en pierre blanche, assise sur des soubassements en grès. Cette base en grès n'a pas de grandes fondations ce qui a, en tout temps, fragilisé l'édifice. Plusieurs restaurations ont été nécessaires notamment une en 1895 et au XX° siècle. Les briques que l'on aperçoit font partie de ces restaurations. Huit contreforts dont un en briques entourent l'édifice. Il est surmonté d'un petit clocher carré, autrefois avec une flèche plus grande.
 
La façade est aussi en pierre, terminée par des briques. Au dessus de la petite porte à arcade en bois, il y a une grande fenêtre ogivale.
 
Les sept fenêtres sont également ogivales et simples. Une petite porte latérale se trouve au sud de l'édifice.
 
Dans le clocher, fut installé une cloche fondue en 1801 (an IX de la Révolution). Elle fut bénite en 1806 par J.C Saturne, curé de Grandvilliers et nommée Jeanne-Augustine par André Delamarre, ancien membre du corps législatif, conseiller de la Préfecture de l'Oise et par Dame Elisabeth Manessier épouse de M° Claudel des Alleux. Cette cloche qui sonnait tous les dimanches, fut vers le début du XX° siècle utilisée lorsqu'il mourrait une personne de la rue d'Amiens et pendant la neuvaine qui avait lieu en juin lors de la Saint-Jean.
 
La particularité du cimetière, autour de l'église, était, qu'il possédait l'une des plus anciennes croix de l'Oise, digne des plus belles croix de Bretagne. Déjà, à la fin du XIX°, des personnes s'inquiètaient de son état. cette relique inestimable disparut lors de la construction de l'HLM Saint-Jean. L'ensemble était d'une seule pièce en pierre et sculpté sur deux de ses faces. D'un côté deux squelettes tenaient un écusson avec des inscriptions et de l'autre côté, on voyait une figure allégorique. Cette curieuse voix devait, elle-même, être plus ancienne que la Chapelle.
 
L'intérieur de la Chapelle a perdu presque tout son mobilier, sans que l'on sache où il est parti ! Espérons que la grille de l'Église Saint-Gilles, notamment, ne disparaisse pas non plus comme d'autres mobiliers de cette église et que cette grille, prenne place par exemple dans la Chapelle Saint-Jean. Les murs étaient encore au début du XX°, couverts de boiseries.
 
On trouve dans la Chapelle, quelques bancs usés et un autel du XX° en bon état. Les vitraux sont réalisés en toute simplicité mais dégage une certaine harmonie. Leur état mérite bien sûr une restauration, surtout pour deux ou trois d'entre eux.
 
Après le terrible incendie de 1683, où la ville fut pratiquement détruite, Bossuet était venu dans cette Chapelle pour réconforter les habitants de Grandvilliers.
 
La Chapelle est toujours dédié au culte donc non désaffectée.
 
Source : Daniel DELATTRE (Août 2008), d'après des archives des Éditions Delattre et des notes de Charles COLLEMANT, descendants d'Antoine DELAMARRE